Deux poésies – Tudor Cristea

Quelques mots au sujet du paysan (ou du poète)
 
Quand le printemps arrive et le soleil attendrit la terre
le paysan ne se pose pas de questions ;
il sait qu’il faut préparer sa charrue
et les graines ; sa maison
sent les graines saines ;
dehors le vent assèche la glaise, lui
s’occupe dans la cour et attend l’instant ;
jamais il n’y pensa que trop de paysans
font pareil sur la terre ;
il a enterré ses enfants et puis
a jeté la graine dans le sillon en espérant,
il a enterré sa femme ou son frère et a jeté
des graines dans le sillon ; lui-même quand
il a trépassé fut jeté dans la terre
comme une graine ; ainsi la fleur de la confiance
surgit sur sa tombe
en même temps que les coquelicots dans le champ de blé,
en même temps que la chicorée, la vesce, la colza ;
sur le sentier du champ
les pieds du paysan passent inconnus,
lui
se faufile des fois parmi des machines qui veulent le déchirer
parmi les mages modernes prédisant sa fin ;
il jette des graines et ne se demande
s’il n’aurait pas autre chose de mieux à faire,
jette des graines des deux mains et le blé pousse,
et le maïs pousse et le protège, lui
jette des graines des deux mains et puis
attend, attend,
attend …
*
 
A quoi bon
 
A quoi bon tout ce
tapage, tu lis
sur la peau de la femme ton propre poème,
tu éclaires de ton sang ses cheveux
le soir au bord de la mer regardant en vain
tu radiographies d’un regard phosphorescent le contour
des nuages, tu déchiffres
la structure porteuse de la fatigue,
les mots du crépuscule sur son dos : tu me tues,
mais tue-moi sans aucune orthographe, écris sur ma peau
la folie de ce poème : une femme, une grenade
ouverte de la matinée ou
un fruit sauvage dans la forêt
de symboles
secouée par le vent …
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
*
Lisez les originaux en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-gn

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