il y a tant d’années qu’il a écrit une nouvelle qui parle d’une fille aux allures tranquilles – il l’accompagnait la nuit chez elle sur le très large boulevard, si large qu’en pleine ville, on voyait les étoiles au-dessus – (elles les étoiles se retournaient – lui disait – tiens, aldébaran et si elle lui demandait laquelle de tous ces éclairs était aldébaran il répondait – n’importe. je crois qu’elle se taisait beaucoup. des années plus tard ils m’ont dit que cette fille dans la nouvelle était un être réel – et qui, justement, était morte d’un cancer. par ailleurs j’avais su que son récit n’était qu’une transcription. je crois qu’il a voulu l’aimer). trop de temps s’est écoulé depuis. maintenant, c’est un matin de pluie sale, parmi ces maisons hautes et grises – et je passe devant l’entrée de la demeure où lui, une nuit, il y a une vie, lui baisa la main. il mourut très vite après – elle, des années plus tard. et je marche maintenant dans cette rue.
*
la nappe
la vie comme une nappe – voilà, nous sommes assis et si on lève les yeux nous pourrions penser qu’on voit à travers la brume déteinte qui s’insinue peu à peu du dehors, ses cheveux – et après avoir regardé pendant quelque temps le temps figé tout rond dans le cercle d’en face, ses cheveux nous paraissent tout aussi lumineux, que c’est beau, rester à une table – de travail – et savoir qu’on peut des fois lever le regard, et tu verras la luminescence prenant la forme de l’être, qui juste un instant, se tiendrait devant toi, mais la nappe que si rarement, las, tu quittes du regard, elle est le plan, la vie – (le plan, voire la table des cartes, où on t’a marqué le chemin). et ton chemin vers ce feu à la fumée continue, dont tu avais peur, serpente son accomplissement – et sur la nappe des cernes, traces de sel, lumière déteinte et cet immense foisonnement du silence qui s’assoit sur les yeux, les oreilles. * traduit du roumain par Cindrel Lupe. * Lisez les originaux en roumain :