Achats – Leonid Dimov

 
 
Il me semblait, le souvenir est tellement clair
Que j’étais dans un grand magasin alimentaire
Saturé de byzantines effluves :
Vanille, cannelle, olives.
Un magasin comme une cité autour
Mais perdu dans le clair-obscur.
Palpitaient de temps en temps des lumières
Venant du rayon des denrées étrangères
Vers les boutiques secondaires
Avec du linge et des lampadaires quand, a travers la vitre
souillée,
Je t’ai vue mélanger une sorte de pâtée,
Pour assaisonner les harengs ou maquereaux
Et soudainement je suis tombé amoureux.
 
Alors tu as souri avec les paupières,
Tu as touché des soupapes légères,
Tu as rangé les boites de conserves de goujon,
Tu as secoué tes mèches, essuyé tes mains au blouson
Et devant moi tu es venue.
 
T’étais petite, le regard un peu embu,
Tu te tenais, pieds nus et toute rose,
Comme dans les photos d’enfance on gardait la pose
Et tu m’as dit que même si pour moi seul vivais
Dans des chambres, magasins, ou tramways,
Il ne sera rien de pareil, jamais
Car mon être entier était changé
Et peut-être il ne te reste souvenance
Des temps heureux vécus à l’Assistance
La façon dont ensemble on se gaussait
En sortant nos doigts de la couette matelassée.
 
Alors vers les manufactures je me suis tourné
Et acheter plein de choses j’ai commencé
Sans aucun choix, sans logique,
En souvenir des saisons devenues épiques.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
*
Lisez l’original en roumain :
http://wp.me/p1wz5y-rP

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