Sur l’essieu
Sur l’essieu, toujours sur l’essieu,
Même si le rayon t’ordonne : Vois-le,
Car l’essieu c’est juste le bon Dieu
Et, au cahot du monde, crois-le.
Quand la poignée des herbes sèches les cabris
La broutent, la broutent, sous la coupole du midi,
Sur l’essieu, sur l’essieu de ta fortune,
Tu descends à l’enfer, tu touches la lune.
Sur l’essieu, quand les chemins dispersent
Et ton tympan les roues le percent.
Avec toutes ces routes qui retroussent
Tu pousses l’essieu et l’essieu te pousse.
Sur l’essieu, sur l’essieu, à plein émoi
La vie courre derrière… Mais moi c’est moi?
Le mouvement flétrit, comme les bêtes,
Les arbres coupent ton ombre en miettes.
De trop grandes découvertes
De trop grandes découvertes y’en a plus.
Et moins encore pour les sans-abri.
En mi-chemin entre le rien et l’absolu
Tu restes songeur et presque ahuri.
Sur une borne de confins vois un cafard.
A ses multiples pieds résiste à peine.
Un ciel flotte triste sur vous, et blafard.
Trous de serpent, autant qu’ils sont, sont pleins.
Et où donc te fourrer et te cacher
L’étonnement de ne pas pénétrer
au cœur des choses défendues ?
Le cafard est lui-même irrésolu :
Il voit une araignée aux yeux séchés,
Qui juste, à son long fil, s’était pendu.
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traduit du roumain par Tudor Mirică
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Lisez l’original en roumain :