Archives mensuelles : août 2012

Poèmes – Ştefan Doru Dăncuş

 
 
Première route
 
Mes bras sont des brindilles et je les mets au feu
Dans un état sauvage de la neigée primaire
Par cette diplomatie je prie au Bon Dieu
Car les sans-mains Il les entend plus clair
 
C’est un bruit classique et comme pour oublier
Parmi les neiges du lieu en ange blanc je passe
Le Nouvel An d’la vie se meurt dans son sablier
Et même la liberté l’ayant en moi s’efface
 
Une plate nuitée –  aux cimes il y a un feu
Prier en vain – aimer comme de la sorte
Ne pas trouver pour te cacher ton lieu
D’avoir en moi le seul modèle que portes
 
L’aveugle gel me chante, la chasse-neige j’adore
A ce brillant concert tu es restée debout
Le Bon Dieu me connaît – moi je L’ignore, ignore
Je neige sur ton corps et je m’absous, absous
 
Deuxième déception
 
Ensuite vient la pluie, ensuite la brume vient
C’est la feuille qui mendie et puis l’amer café
Sont les yeux ensuite, après vient le matin
Ensuite une journée – puis l’enfer en soirée
 
On en dit que de toi et on s’en tait de moi
Après sur le bûcher on brûle roses et épines
On apprend une seule fois – toujours on oubliera
Et on achète des pas pour ceux qui se débinent
 
Par ailleurs nous vivons – presque tous, presque ainsi
On y va plus au théâtre, des livres point ne voulons
C’est la vie, c’est la brume, des chiens viennent et des pluies
Le café est amer, les artistes – malédiction
 
Ensuite je t’écris – s’il y en a un, deux ça passe
Puis je glisse, et ensuite je me mettrai debout
Par ailleurs nous vivons, presque tous, qu’on le fasse
Ensuite et puis – il n’y a rien du tout
 
Troisième hiver
 
La neige commença à l’improviste
La poste arrivait sans ses ailes
J’hélais parfois une fille triste
Lui rendre le délire mensuel
 
Hypnotique étoile comme une cierge
M’incite souvent d’m’en aller
Il neigeait tel un corps de vierge
Sur rameaux déserteurs de noyer
 
Passaient des fêtes de neige
Par la vitre masquée au taffetas
Le monde pour voir ce manège
Signait un final attentat
 
La neige cessa tout à coup de tomber
Les flocons se bloquèrent en amas
Que les loups sont venus les lécher
Et nous, à distance d’un bras
 
Amants plus formels d’une automne
Agrandîmes l’absence pressés
En sentant dans le dos comme frissonnent
Les glaciers en éther crucifiés
 
Nous : deux amers comptes-rendus
Moi : croisement des routes végétales
Toi : la lettre trop attendue
Me brûler le chômage mental
 
En voilà quelle grave aubade :
Occis par amis je porte moqueur
La boîte à lettres malade
Aux chaînes liée de mon coeur
 
Le quatrième hiver
 
On se rapproche ensemble de l’hiver que voici
En mourrant arithmétiquement, paisiblement
L’olivier s’endort dans des débris
Confus dès le final au commencement
 
Du dehors en croissent des astres
Contraintes par des braises et d’armement
Tu es là une des mes axes
Quand j’éclore obligatoirement
 
Nous nous taisons ensemble fidèles
Etrangers sur une terre connue
Et la nuit sous les yeux se voit telle
Une fosse commune mise à nu
 
Je sais que j’approche avec plaintes
De la gelée en amour de prière
Car tous les autels sont exemptes
Les dieux de nos temples se meurent
 
Absurdes comme des statues déliées
Illogiques magiques et peineux
Nous tombons avec la même ferté
Que nous défendîmes tous les deux
 
La cinquième femme
 
Dès doubles six passent vers Golgotha
Rendre des dollars aux signes de lutin
Incorrectes phares éclairent l’habitat
Où grouillent les toujours vierges putains
 
Ayant entre leurs seins des crosses de fusil
Fondent affolées les armes excitées
Tremblent de dégoût les trop gardées filles
Vaut pas pour l’instant la peine d’les voler
 
Pour l’instant la pute arrêta la guerre
Désertant, soldats l’ont cruellement aimé
Le chef de l’armée danse comme naguère
Sur un nu à moitié enchanté
 
Les vitres en éclats proposent la liberté
La musique chante sur les aphonies
Encore un fusil se fonde par excès
Dans le champ brûlé des seins si ravis
 
Je traverse hésitant le champ de bataille
Les armes rouillés s’égaraient aussi
Sur un tas de sabres – devenues quincailles
Elle aimait la mort, ma pute et ma mie
 
Dès doubles six s’agitaient spasmodique
Les filles trop gardées abdiquaient livides
Tout était tragique – tout était logique
Seulement qu’à ma tempe j’ai senti le vide
 
Dans la paix immense nous semons décombres
Fonctionnait encore l’organique pistolet
Et sans aucune coulpe j‘suis devenu ombre
Près d’la pute du monde et ma bien aimée
 
*
traduit du roumain par Tudor Mirică (1,3,5) et Cindrel Lupe (2,4)
*
Lisez l’original en roumain :
 http://wp.me/p1wz5y-td

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