Archives de Catégorie: Mihai Ursachi

La Chambre du Frêle Amour – Mihai Ursachi

Me v’la revenu, depuis ces confins éloignés.
toute ma famille éteinte, ses branches ont trépassé.
J’ai hérité le vieux manoir, les plats dorés,
et le blason ancien : l’éternité

Au festin de l’Énigme, dont les vergers encensent
une heure particulière, j’ai décidé d’entrer,
à cette heure, éveillée je louais ta présence,
serrant comme si un sceptre, le vieux chandelier.

Je fis donc tous les vœux et les signaux voulus
dans un bougeoir trois sortes d’encens j’ai allumé
alerte je me fourrai par la porte exigüe
tel que les spectres l’aiment, et tel que tu aimais.

Il me sembla étrange que tu ne sois dans l’heure
alerte ; et je me mis plus près du lit sculpté
en fin noyer ou tu jadis étais la leurre
au corps de fleurs de mai, et moi un homme j’étais.

Je vins tout près, en reniant mes lois intimes
aveuglement tendis la main, fiévreux, cherchai
celle qui manquait ; mais dans les dentelles sublimes
seulement un petit tas de blancs osselets gisait.

La terreur me figea et je compris ma bévue…
… Des grandes branches fleuries aux grilles faisaient un sort
et sous le clair de lune mince comme une toile menue
je vis : depuis des âges j’étais inscris aux morts.

Je regarde – le tapis ressemble a un pré,
dans le vase à la place des frésias odorants –
tel un chapelet de prière, des serpents emmêlés ;
des toiles d’araignée, des hiboux hululants.

Sur l’écrin aux parfums, entre-agrafes et miroirs
des mollusques visqueux, des escargots flemmards.
El le crâne de celui que je fus, au chevet,
Tu t’en sers tous les nuits, je pense, en cendrier.
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain =

http://wp.me/p1wz5y-xl

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Projets printaniers – Mihai Ursachi

Notre rêve était
(oh, par naïveté
nous ne soupçonnions même pas qu’un tas de gens
aurait déjà pensé à ça)
notre rêve était d’ouvrir
un pensionnat pour papillons.
Nous imaginions plein de manières
éducatives, tu te perdais dans les détails
concernant les avantages du cours de danse pour engendrer
la gracieuse habitude de planer dans le verger.
Moi j’enseignerai les langues et instruments
tels que le clavecin, la viola da gamba et le cor.
Du côté du pratique ne paniquons pas :
tu es experte
en confitures et avec des robes un peu vieilles, poussiéreuses,
tu sais créer des blouses légères et en couleurs comme les fleurs en mai.
 
Ceci était notre rêve, d’ouvrir
un pensionnat pour papillons ;
et par naïveté nous ne savions même pas
qu’un tas de gens aurait
déjà pensé à ça.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-7T

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La Mission – Mihai Ursachi

Je suis l’ambassadeur de la Mélancolie,
et voici,
mes moult tendres lettres
d’accréditation :
 
PREMIERE LETTRE :
 
Nous, le Grand Turc
de la Mélancolie entière,
Empereur de la Solitude d’en Haut et d’En Bas,
détenteur
absolu du Royaume Langueur
et Prince Seigneur
de la Tristesse,
donnons savoir à tous qui aurez ouï
l’ambassade de notre messager nommé Ménestrel.
 
Fait ce jour en la cité Chagrin
 
DEUXIEME LETTRE :
 
(Etant dressée en langue mélancolique et en polices
insaisissables, la lettre s’adresse seulement à ceux qui
perçoivent de soi ce langage.)
 
TROISIEME LETTRE.
BALLADE DE MENESTREL, QUI PARCOURUT JUSQUE LA BAS
ROUTE DE PLUSIEURS VIES, ONC NE FUT VAILLANT
DE PASSER LA PORTE ET SA MISSION AMENER.
 
C’était un château noyé dans la verdure,
sur les noires portes sculpté un dragon
paraissait veiller ici depuis toujours
que des étrangers n’entrent pas dans le donjon.
 
Je venais de loin, bleu derviche conscrit
et fatigué d’enchaîner tous ces ans
portant sur ma vêture et le front inscrits
des vers du Pali et des psaumes du Coran.
 
Je ne cherchais rien et nulle part,
on entendait de par les haies de roses
de Laostic la rengaine bizarre,
perdue en profonde et douce hypnose.
 
Nu pieds et portant une couronne irréelle
en paille, comme hôte je fus invité
(c’était la fête même de la Saint Michel)
après le Tournoi au très grand banquet.
 
Mais je me suis tu en partant plus sage
et sans y passer sous ces portes vieilles
moi-même, à jamais mon chiffré message,
et un chant de rêve sonna dans mes oreilles.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
Lisez l’original en roumain :

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Eli, Eli … – Mihai Ursachi

Nuit éternelle pour celui crucifié en soi-même …
 
Car à ses pieds ne vont pas pleurer
des porteuses de saint chrême,
et nul apôtre n’annoncera sa rédemption …
En éternel suaire ne sera pas enveloppé
et nul n’ont brûlé pour lui des aromates
et de la myrrhe.
Son Père retourne son regard dans les nues
lorsque lui, expiant, implore le pardon …
 
Oh, son sang gouttant dans la brûlante poussière,
ne naît pas des autels en pourpre ni ne se mue en
orgies d’œillets brûlants … Et les trois larmes
ne sont pas devenues perles.
 
Nuit éternelle pour celui crucifié en soi-même …
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-5F

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