Archives de Catégorie: Gheorghe Tomozei

Calendrier – Gheorghe Tomozei

Chute depuis mercredi en jeudi,
s’enfume aux alentours du midi,
de jeudi en vendredi une coulée
tel qu’en nos troubles, jeunes années
vendredi pour samedi troqué
comme un éclat bien agathé…
Me voilà je suis le pauvre manche
qui lave les pieds du dimanche
s’attardant honteusement aux chevilles
sur l’os au senteur de myrtilles.
Les doigts allongés de partout
je touche les pommes de ses genoux
et le temps de courir quémander
a sa mère, la semaine, ma fiancée,
avec des parlottes
de neige en bouillottes,
du verbe des mes ancêtres hardis

on est déjà lundi…

*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain =

https://versionroumaine.wordpress.com/2016/10/14/calendar-gheorghe-tomozei

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L’apocalyptique foire – Gheorghe Tomozei

Pour un minaret de la Sainte Sophie
j’ai payé quatre exupéris.
D’un seul exupéry
tu peux avoir le cercueil à la sainte Zénobie.
– C’est combien ces flacons ?
– Deux aragons.
– Nous avons saphirs, arcanson, boileaux
et d’autres joyaux :
un chénier, à la manche gravée
et une sarraute pour trois cavaliers.
– Ça vaut trois beaux chevaux ?
– Ça vaut !
Pour un butor tu auras un paquet de cinabre
et des ciseaux pour la barbusse de fabre.
On a aussi des bossuets camus.
– Veux-tu pommade fortifiante, vin chrétien de Troyes ?
– Je veux !
– Tope là !
Des filles en leur miséricorde
chantent à des villons à trois cordes
dans du torride midi le chaux
le conte des trois petits cocteaux.
L’éventaire aux poissons
se recuivre aux fénelons
et
on continue après la mort le jeu
à la foire des adieux !
Nous avons tout ce que tu veux
et veux pas
du bellay
au derridas !
Poètes, généralement sans embout,
mais surtout dépourvus de sous,
les voilà devenus, amuïs,
or, cerf, maïs.
les voilà en pléiades
aux os d’amour malades
les voilà sur le trône
à Byzantion.
La nuit, comme des fauves,
se jettent sur les fées des alcôves
en les embrassant sans contenance
à la france…
*
traduit et adapté du roumain par
Tudor Mirică
*
lisez l’original en roumain =
http://wp.me/p1wz5y-8j
 

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Chais du Monastère – Gheorghe Tomozei

... Une poésie à lire un jour de fête ...
Mon père, le vin est ivre de ses épices,
mais ne chasse-t’on qu’à force de bras ou larmes
ou par les monacaux, heureux auspices,
tant de démons qui s’agitent en vacarmes ?
 
Le vin est une fumée , puis flamme suave
et vêture transparente pour tous nos cœurs.
En grands calices, la lumière se gave
d’une si douce amertume et de mystère.
 
Dans cette profonde cave, mon si bon père,
y’a pas de coupe qui n’ait le bord cassé,
car élimées par tant des saints calvaires
leur lutte intérieure les a brisées.
 
Ce vin nous vient de notre Grand Etienne */
et l’autre de Ştefăniţă Roi se pique,
quand j’en prends une gorgée, le cœur me tient,
m’étourdit, le cépage diabolique.
 
Venaient tartares de Crimée le goûter
chassés par des leurs steppes vents et fièvres
et le vin, comme de femme un baiser,
avec la mort ruisselait dessus leurs lèvres …
 
Ces vins faisaient chavirer des turbans
et égayaient le peuple dans les frairies,
lavaient de sang des lances et yatagans
brillant sur tant des visages rajeunis.
 
Serais-je loin des confins de ma contrée,
je m’élancerais par feu, fumée et braises
éteindre un peu la douleur qui’m’brûlait
d’un Cotnari **/ doux-amer, qui me l’apaise.
 
Mon père, le vin est ivre de ses épices,
et tu ramasses à force de bras ou larmes
et par tes monacales heureux auspices,
tant de démons qu’en lui font des vacarmes …
 
***
 
*/ Etienne le Grand : le plus glorifié des rois moldaves (1457-1504)
– Ştefăniţă Roi fut son preux petit-fils et successeur (1517-1527).
 
**/ Cotnari : ancien et réputé vignoble en Roumanie.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-iQ

 

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Douze poèmes en un vers – Gheorghe Tomozei

… une sorte d’expression quelque
part entre proverbe et Haïku ? …
TRISTESSE
Sur l’eau miroir, cigognes effilent des arcs-en-ciel
 
CHANSON PERDUE
Dans l’oeil de la biche morte, dort l’étoile du berger
 
VERRE DE VIN
L’éther et la poussière s’engagent sur les lèvres
 
L’ESPOIR
Friche sèche, des herbes mortes et au lointain, fontaines
 
JOIE
Sur la voûte de mon âme volètent des paons
 
ARGHEZI */
Des cieux aux blanches étoiles, gardent des gouttes de rosée
 
ROMANCE
Et la chanson détache des âmes tant de statues
 
SOMMEIL DE LA BIEN-AIMEE
Sur les corniches, paix blanche des premières chutes de neige
 
LE POEME EN UN VERS
La source paisible, annonce l’immense de la mer
 
PREMIER « JE T’AIME »
La dorure de la lune coule sur les lèvres fines
 
REPECHAGE
La grogne du père, la fille et le manuel de maths
 
JEUNESSE
Au loin des pics rocheuses, derrière les pics, orages
*
*/ poète roumain marquant du siècle dernier
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-i2

 

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Anno Domini sept – Gheorghe Tomozei

Enfance, premiers, à la main caractères
tombant avec les dents de lait amers,
sur des toits étrangers. Dépêcher
pour des majuscules à acheter,
comme si on achetait du coutil,
mazout et aloès
lorsque dans la maison il n’y a plus un croûton d’avril
et on a tant besoin de cigales …
Tasses cassées. Larmes à l’affilée
Lavant dieu sait quel gouvernail petit
quand dans la chambrée
le temps les choses les réduit
et les placards se font bas et la tôle
perd l’éclat, aux soins de maman,
sur la ville la neige prend son rôle
et les cloches balancent leur airain.
Réduction lente. Contours diminués
couleurs avalées. Rien qu’un nom de fille
géant, des heures s’est relevé
et en mémoire s’émoustille,
en délicatesses monstrueuses. Transparaît,
emmuré dans la clôture en osier, frêle,
de la poitrine et il me paraît
que je suis le fils de la fille icelle.
Et je suis le fils de cet espace
(anno domini sept)
quand sur les feuilles s’allongeant voraces
il pleut avec mes dents de lait
sur les clochers et les abécédaires,
(en anno domini sept)
fils du sel dans les salières
et des larmes de lait …
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-8N

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