Archives de Catégorie: Diana Geacãr

La nuit dans la salle de bains – Diana Geacăr

la nuit dans la salle de bains
du foyer des étudiantes
tout est blanc et serein
pas une seule tache
ça c’est moi
moi-même
ce minois froissé du miroir
les mains enfoncés profond
dans les cheveux
la peau rougie
et des noires larmes de rimmel
dans la salle de bains seulement
je me permets de pleurer
à cette heure
tranquillement
en laissant le tout propre
derrière moi
ça c’est moi
cette gueule stupide et tordue
de douleur
qui me chuchote
sans cesse
comme tu es bête
comme tu es bête
mon dieu
que tu es bête
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
*
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-dd

 

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Pourpre, vert et doré – Diana Geacăr

Je lis un roman il parle de deux enfants, un garçon et une fille, qui
se sont rapetissés et ont vécu des aventures spectaculaires
parmi les brins d’herbe, en arrivant même
à se sauver de la tanière d’un scarabée.
Je suis examinée par les canetons.
Les autres sont partis creuser.
On m’a interdit de remplir même un seau d’eau.
A ce soir, quand je devrai sortir les moutons dans le pré
– ou le bélier m’analyserait,
en me frappant des cornes par derrière –
je me promène dans la ruelle
au dos d’un frelon,
mais seulement à l’ombre et par-dessus la haie des voisins,
jusqu’au cerises mûres.
Lui et moi avons fait un sort aux griottes.
Je suis sortie dans le jardinet avec un tabouret,
avec quatre pieds et un chapeau.
La lumière se faufile parmi les branches,
me soulignant les passages notables
sur la page. Je tombe de sommeil.
Je soulève un éclat transparent et le pose
à l’entrée d’une motte à fourmis rouges.
Tout près, les mouches font
la fête d’un trognon de pomme.
Sur la chaussée descend une poignée
de filles sur rollers. De leurs épaules dorées se déroule
une senteur de melon.
Un voisin me demande ce que je lis.
Je lui montre la couverture. « Tiens », il dit et je me demande
s’il sait de quel Ulysse il s’agit.
Les antennes du voisin frémissent.
Cela me gêne et je décide de retourner dans la maison.
Mais, en me penchant pour chercher le tabouret,
sous la frappe puissante du bélier,
je glisse sur l’herbe vitreuse.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-bn

 

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La robe au fleur de l’âge – Diana Geacăr

En tant qu’esprit de l’arbre tu détiens tant de secrets donc
en automne il est impératif de te souvenir
que tu as une forme humaine :
la robe pourpre froufroute quand je sors
en promenade, touche en passant
les arbres, tombent en nuées
les feuilles et
des vagues de parents,
dans la librairie du centre ville :
cahiers de calligraphie et de maths, bouquins
avec une seule histoire ou plusieurs.
Cela dépend de l’âge de votre enfant.
Les souliers pourpres poussent la terre
et les cheveux ondoient dans l’air chaud, élevé
par les becs des oiseaux, encore plus haut
parmi les branches vertes, éclairées, qui secouent
leurs histoires dans le parc central, où
restent tapis les esprits abasourdis.
Comme dans une histoire sans fin,
je viens ici et j’enlace un arbre encore.
Les fillettes saupoudrent le trottoir opposé
de châtaignes qui à tout instant peuvent exploser.
Elles sourient ou rient en précipices,
lorsqu’elles se débarrassent des malices.
Je ne puis me souvenir du temps quand me souriaient
les personnes inconnues. Je me souviens seulement
le téléphone qui m’a fait
glousser et trembler.
Il m’a demandé si je l’aimais encore.
Eux ils m’ont demandé toute la journée
qui c’était et qu’est-ce qu’il à dit.
Je leur ai sorti c’était un faux numéro.
A lui j’avais répondu oh que si.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/s1wz5y-700

 

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Deux poèmes – Diana Geacãr

Coffee break
 
diana si tu irais chercher
de la nourriture pour le chat et deux pains
chris sortira ce soir la poubelle
 
papa joue au solitaire sur l’ordinateur
des pop-corn lui tombent sur la tête
puis explosent
 
allez cessez de vous engueuler
pas si compliqué tu y vas et basta
quand tu seras de retour peut-être tu feras
encore une poésie sur ô combien c’était difficile
 
par mon quartier ou
les voyous disent que si tu n’est pas
malin 5 minutes durant tu resteras bête
toute ta vie
en fait
 
jusqu’à la vendeuse du coin qui
ouah qu’est qu-il est chouette ton tain
à travers le bitume qui en sait des choses
 
je répète mon chemin en mémoire
je saute d’un pied à l’autre à la marelle
avec les fillettes
encore et encore
 
maman m’accueille pour
que je n’égare pas la monnaie dans les poches et
 
diana mais
punaises tu as un seul chat
tu ne savais pas qu’elle aime whiskas

 

***
 
 
ce que je redoute le plus et encore c’est de mourir
que mes parents me trouvent et
leurs mondes soient une
semblable à ce que moi j’ai été
 
que maman pleure recroquevillée sous la couette et
papa demande de l’eau d’une voix enrouée
 
ce que je redoute le plus et encore c’est de mourir et
que mes parents retrouvent un corps et
que cela soit une sorte de fin
 
***
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
lisez l’original en roumain :
http://wp.me/p1wz5y-9j

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