Archives de Catégorie: Octavian Soviany

De la vie, avec Octavian Soviany

 

le mendiant du centre-ville

Apres avoir fini
son jour ouvrable
il vient picoler.
Des fois il s’endort
la tête sur la table
et il laisse choir
toute la monnaie de sa poche.
La Patronne lui assène
alors
quelques bourrades dans les
côtes. Lui
il se met debout,
droit comme un piquet
et sort du bistrot
se balançant
comme si
il descendait du pont d’un
navire, tel un vieux
capitaine de corvette
qui aurait traversé
des dizaines de fois
l’équateur.
Jamais il ne ramasse
la monnaie tombée.
Il regarde dégouté nos ventres de
gens rassasiés.
Il chie après sur
notre argent crasseux et sur
nos projets de bonheur.
Il chuchote :
« Mon Dieu, cette ville
elle a 1000 pharmacies,
3000 banques,
10000 églises
et pas un seul galet
sur lequel le Fils de l’Homme
puisse poser sa tête
un soir de pluie comme celui-ci ! »

*
Me voilà
j’habite une
chambre
pleine de mites
et ce que je cherche
est toujours dans
l’autre pièce.
La solitude par ici ressemble
à de chiottes rustiques
où tu n’as même pas
de quoi
te torcher le cul.
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain = http://wp.me/p1wz5y-y4

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La banlieue – Octavian Soviany

 

Ô ma banlieue pleine de mélodrames
Ô ma banlieue remplie de trucs frivoles
Ou dans le temps y’avait de panoramas
Et les voisines se tapaient de la gnôle

Dûment au cellier condimentée
/ah quel anis ! Et quel cumin sublime !/
Pis elles trompaient en chaque soirée
Avec maints hommes leurs maris légitimes

Ensuite les filles sauvages comme la savane
Montraient leur p’tit nombril en floraison
Ô ma banlieue d’amour ou la fille Jeanne
Par grand dépit elle prit de la poison

Et fortement ont pleurniché ses frères
/Puis l’un des deux en prison ils l’ont mis/
Ô ma banlieue où on sert aux compères
Le vermouth et le jus Vert de Paris

Et où pareil une sorte de Peter Schlemihl
Logé étroit au milieu suburbain
Sur son bras frêle et mince monsieur Émile
Porte son ombre comme un lourd caban

Ô ma banlieue en rêche fumée de pipe
Et aux dimanches de fêtes téméraires
Lorsque Mimi se plaint d’avoir la grippe
Morose comme un quadrige funéraire

Madame Machin est devenue bigote
Pis elle gratouille des poules le gosier
De fois une hutte s’enflamme par sa hotte
Chez Breckner casse un mec au casier

Ô ma banlieue cosmopolite racée
Dont Fischer Fritz est le grand manitou
Qui promène une renarde apprivoisée
Et les mitrons écrivent sur les gâteaux

On souhaite longue vie à des matrones
Les ménagères préparent du guilledou
Tous les bourrins ont envahi la zone
Un caramel se vend cinquante sous

Toutes les échoppes sentent la cannelle
Les filles vendent des navets hideux
Monsieur Émile nous gratte une ritournelle
Ramonajaifaitunrêvemerveilleux

Les vieilles enchaînent des discours maximes
Ont des p’tites boites en tôle pour le café
La belle Hilde, son souci minime
Est d’emmener Fritz Fisher au ciné.

Toujours souffrante, ma voisine vieillotte
Dans les jardin, l’aneth en touffes pousse
Ô, ma banlieue au valets de belote
Qui s’amourachent d’une fille à tous

Et ou nous, jeunes nippés comme des gonzesses
Nous apprenons timides entre copains
En faire du sucre d’orge de nos tristesses
Et des mélancolies en massepain

Ô ma banlieue aimée de sucre d’orge
Ô ma banlieue aimée de massepain

*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain= http://wp.me/p1wz5y-xP

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