Archives mensuelles : août 2019

Cette vie – Gheorghe Azap

Dans cette vie, où tu vis à l’écart,
pendant que d’autres baignent tous dans l’art,
En étalant leurs tripes, tous les jours,
pendant que d’autres, vifs comme le furet,
Avec du flouze tapissent leur gousset :
Et le gaspillent dans des goûteux séjours.
.
Cette vie entière, net ou brut soit-elle,
Ne fut remplie par de choses vénielles ;
En fait, de presque rien je l’ai bourrée :
Une poéselle, quelques bouteilles vidées,
Marc, illusions, pain sec, contrariétés,
Tranquillisants, oignons, fil à broder…
.
Or, cette vie, en forme de persiflage,
M’a tourmenté, mézigue, à tous les âges,
Sur un auvent glaiseux m’a bousculé,
mais j’ai trouvé une force de discobole,
De ramasser les cordes de mes guibolles
Et, irrité, des fanges me relever.
.
Cette vie, en élégie assaisonnée,
Me fut une douloureuse fatalité,
Tant des faveurs lui faire, j’ai peiné
Tant bien que mal, serais-je à la bourre
Pour toujours, s’il se peut, je vous assure
J’aurais du cœur pour tout recommencer.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.

Lisez l’original en roumain =

https://versionroumaine.wordpress.com/2019/08/24/viata-asta-gheorghe-azap

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Le maître des dires – Tudor George «Ahoe»

Des dires, hautain, j’en suis le souverain
Et ma pensée en est pour toutes loi,
Se posent autour du geste diaphane
Des courtisanes entourant un roi,

Sourient suavement, se penchent à mes côtés
En voûtant leurs dos et épaules dénuées :
Clignant les paupières, que je pourrais
Comme un pacha, choisir des douces mousmés !

D’un pas flottant elles glissent comme une caresse
Tel des fleurs de lotus en eaux câlines,
Infiniment chéries, et sans faiblesse,
Par tendres révérences, souples félines,

Tordant leur bras en dansent des ritournelles
Et d’invisibles voiles font trembler,
Tu peux bercer sur leur tissu si frêle
L’âme si fraîche, et le cœur léger,

Sur des fils délicats des araignées
Elles tissent autour une toile si réussie
Dont il suffit de sentir la bouffée
Qu’elle ensorcelle ta paupière assoupie.

De tant de charme, s’embrument fort les yeux
Et le temps de ces danses ravit les foules
Sous des voûtes cristallines, tel que Nérée,
Dans l’eau si fastueuse tu t’écroules.

Des bras et cuisses caressant toucher
Celui des roses soieries et des satins,
Un charme de clinquant et d’argenté
Déroule dans les tympans et les visions,

Sous les ondées de ces nymphes mouillées
Et pâles méduses ravagées, flétries,
Dans les rangées, flasque, spectre tu sombrais
Et leur danse accablante t’engloutit …

Un crabe sur ton crâne siègera tout à l’heure
– Comme une couronne qui flétrit avec l’âge –
Et ton regard de richissime rêveur
Fondra comme en ouvrant les coquillages.

Par le magique polype tu vas errer
A travers le nuage d’eau et méduses,
A travers des passionnels nimbes ensablés
Perles sur les lèvres, comme l’huître recluse.

Et ta main
– neptunien trident –
Tentant tardif sous les oublis, à s’échapper,
flottera à travers l’océan si lent
comme une écharpe de corail,
sous les ondées …
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
Lisez l’original en roumain :

https://versionroumaine.wordpress.com/2019/08/23/stapanul-vorbelor-tudor-george-ahoe

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