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Poésies de Etta Boeriu

 
Au Miroir
 
Mes cheveux s’écoulent sur mes épaules,
les mèches de la Gorgone tressées
d’aspics, les miennes tordant verdâtre
aux tempes et sur le cou tel une bouteille
des mots serpents, anneaux serrant
luisants ces joyaux troublants
qui me reflètent et ceux qui pâlissent
les reflétées en mon moi de bruine
de ma tête long torrent gargouillant,
les tresses de Gorgone si soyeuses,
et son œil sans raison pétrifiant
des mèches, anneaux, boucles venimeuses.
 
*
Il y a une heure
 
Il y a une heure vers le soir ;
une heure, pour les autres, pardi,
quand les écailles enlevées au couteau
sur le poisson de nouveau ont repris,
quand les plumes arrachées aux oiseaux
retournent s’enfoncer sous la peau
et la moue du serpent oubliée
se resserre de nouveau en anneaux,
quand la fleur coupée par la faux
remonte sur la tige hardie
et la traite de lait, dans les verres
retourne chez elle dans le pis
quand l’huître sur la rive chassée
reprend de l’écume un gorgeon
et le ver écrasé par la roue
renaît par dessous le limon
quand le jus de la grappe meurtrie
retourne dans le grain du raisin
et la feuille sous les pas écrasée
remonte à sa place au bourgeon,
quand des griffes du faucon le poussin
retourne dans sa coque, protégé
et la peau des sapins écorchée
sur le tronc affligé se refait,
quand le cri de la proie harassée
s’échange en chant et danse
les agneaux transpercés par les dagues
y retournent au chaleur de la panse,
quand le poison même de la gorge
des aspics venimeux s’adoucit,
 
il y a une heure vers le soir
une heure, pour les autres, pardi.
*
C’était un lieu
 
C’était un lieu humble comme parmi les vestiges
de l’été et poubelles renversées,
à l’orée sur une berge de glaise et la glaise
jaune répondait-elle de sa berge à la lumière,
aux confins de la ville parmi les gravats
et des fer blancs vacillant dans l’eau
aux feuilles des arbres jadis et pourtant
en rachetant la rouille prématurée,
aux escargots séchés et bois mort sous l’herbe
et l’herbe comme une chair sur les os,
c’était un lieu humble comme parmi les vestiges
des joies et des eaux courantes,
à la fine poussière bandée sur les chevilles
plus épaisse et même plus chaude qu’une laine,
mais surtout aux tourbillons de lumière
et à nous deux comme deux longs lézards
vieillis, en frétillant en soleil.
*
Au bourg de chaque moment
 
Ceci est celui de chaque moment
bourg mien et mon pain de toutes
ces journées qui s’écoulent à l’instant
et nuits prolongées où j’écoute
sous couverte de scorie ma paupière
battre sa lumière, ses couleurs en torrents,
un pouls plus rare et à ma manière
qui me contient en son battement,
sous la nuit un échange de joies, merveilleux
pendant des embrassements diurnes
quand il devient l’otage de mes yeux,
ces deux profondes et noires urnes
qui perdent, en le voyant, leur cendre
et un douce temps je passe avec lui sous beffroi,
et il insiste des plaisirs à répandre,
et lui caresse les murs émaciés par endroits
et les blessures et le ciel tiré en toiles
et quelques poignées, ça et là, d’herbe
élevée par la grâce d’une poignée d’étoiles,
à ces yeux habitués de lui siroter acerbes
en chemin quelque fenêtre, quelque maison,
de boire d’en lui, d’en lui de se nourrir,
être à l’écoute des feuilles suivant la saison
et les merles qui commencent à se reproduire
en lui, à ces yeux, à des centaines
d’yeux miens qui lui caressent le terroir,
à ces pas qui les embrasser apprennent
en marche légers comme la feuille le trottoir.
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe et Tudor Mirică
*
Lisez l’original en roumain :
http://wp.me/p1wz5y-sT

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