Archives de Catégorie: Virgil Carianopol

Le Printemps – Virgil Carianopol


Sortant du rêve d’une nuit sans lumières
Qui les tenait loin de toute beauté
Retournent les vergers chez eux aux terres
En robes fleuries jusqu’aux souliers

C’est le printemps, c’est le printemps qui erre!
Sur chaque sillon et bord des champs en fête
Et les anciens sortent leurs doigts de la terre
En perce-neige, en lys, en violettes

On sent partout l’arôme du champ frais
Une fois de plus le soleil lance du feu
Ecoutent de l’alouette le chant altier
Puis sortent les graines la tête vers le bon Dieu

Le jour parsème des moineaux qui palabrent
Dans les forêts les coucous viennent hanter
Les cous des oiseaux croisent des sabres
Et haussent leur voix pour mieux les aiguiser
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traduit du roumain – Cindrel Lupe
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Tapis Roumain – Virgil Carianopol

 
Comme une plaine, miroitant tout l’infini,
Plein d’oiseaux dans les rameaux, chantant,
Tu le regardes, il porte dedans l’inassouvi
Des temps jadis l’histoire éclairant.
 
Tout parsemé de lys et citronnelle,
Bleuets sereins et coquelicots fluets,
Vivantes fleurs de lilas ou camomille
Te poussent à t’y pencher, et les humer.
 
Posé au mur, près du lit, en demeure,
T’étends dessous comme en orées des champs.
Tu sens sa douce fraîcheur, soie éphémère,
Et c’est comme si t’effleurait un doux vent.
 
Travail profond en laine et harmonie,
Avec des éclaircies et arbres dans le vent,
Son plein repos te pousse en rêverie
Ou faire un somme dans l’herbe qu’il étend.
 
Et quand le soir la lune de sa lumière
Le touche en plein, par ses rayons soumis,
Une cigale saute, comme dans des bruyères
Et y chante joyeux, en catimini.
 
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traduit du roumain par Cindrel Lupe
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Les Ailes – Virgil Carianopol

Ne me mets pas d’ailes ! – j’ai crié
à l’ange qui me retenait
quand des ailes malgré-moi me fourrait
et aux épaules les fixait.
 
J’ne veux pas !
Mais lui, avec une patience
Que seuls les anges savent tenir
Ne me lâchait, même quand je disais,
Des ailes je n’sais pas m’en servir …
 
T’es sourd ? – criai-je.
Mais pourquoi moi ?
Enfin, ne sois pas si buté !
Tu les gaspilles, c’est pas la peine.
Jamais je ne me vois décoller !
 
T’es sourd ? je le secouais de force.
Mais lui, plus fort il s’acharnait.
Sachant que j’en aurai besoin et
Qu’un jour enfin je vais voler ! …
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traduit du roumain par Cindrel Lupe
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Le peintre âgé – Virgil Carianopol

 
 
Le peintre âgé, amené à éclairer
Une sainte demeure comme on n’en trouve guère,
Mélange des éclats qui vont perdurer
Même après son repos dedans la terre.
 
Dans le secret d’un art pieux qui le hante,
Oeuvrant ardu, d’un élan éthéré,
Il cherche et puise profond en lui, bouillantes,
Les éternels couleurs qui lui manquaient.
 
Il monte souvent sur ses échafaudages
Pour peiner sur les voûtes, silencieux,
Tant sur les marches ses pas se suivent sages,
Que vu d’en bas, il semble gravir aux cieux.
 
Il peine de tout son être à outrance,
De plus en plus si pâle et si chétif.
Tant il en réussit, dans chaque nuance
Ressortir l’or en sa brillance native.
 
Très tard, quand il descend, en ses vêtures
Par la glaise et par les couleurs salies,
Il semble Dieu, tout barbouillé de peintures
Lorsque la Genèse Il avait accompli.
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traduit du roumain par Cindrel Lupe.
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De la vie – Virgil Carianopol

Virgil Carianopol (1908-1984)

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Le Bonheur frappa à mon entrée
Rentrant dans la cour il m’a appelé.
J’étais parti chez ma bien aimée.
Vite fermant la porte il s’est sauvé.

La Joie vint frapper aussi, toute chose.
Elle entra, s’assit sous le pommier
Ne trouva personne qui lui cause
Et repartit à son tour, pressée.

Tard le soir, en éclairant la rue
Mon Etoile – de tout en haut – frappa
Mais encore, j’errais un peu perdu,
Elle lissa sa jupe et s’en alla.

Alors, frappa à ma porte la Peine.
J’étais parti loin, aux alentours.
Elle s’étala sur le tapis de laine
Attendant placide mon retour.

1966
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traduit du roumain par Cindrel Lupe

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