Archives mensuelles : janvier 2012

moments quotidiens – George Almosnino

autoportrait
 
dieu qui suis-je
un mangeur de saucisses
un grand silence dans une grande bêtise
je tresse la corde dont je me pendrai
et me sors la langue
d’un filet de clémentines
*
ramasse les miettes maman
 
quelqu’un est près de la porte
maman
ramasse les miettes sur la table
cache mes bateaux en papier
dans le panier à linge
mets la vase à fleurs sur la table de chevet
les lunettes pose-les sur l’album de famille
prépare un sourire sur ton visage
dis-lui que tu viens à peine d’accoucher de moi
je dors
quelqu’un est près de la porte
*
 
je voudrais lui dire au petit prince
 
là où ici partout
je suis une chèvre mes sabots tapent
sur la terre bleue et chaude
durant la nuit entière je cherche mon cabri
il est parti hier au matin
son odorat recherchait la trace d’une rose
sa vue broutait une voyelle
dans un miroir occulté
parmi beaucoup d’autres panneaux de voirie
j’ouvrais la bouche en blanc
je tapais sur mes dents en silence
m’agaçait le nuage
qui tombait sur mon front
*
 
échange
 
mes nuits sont devenues
des coquillages fatigués de l’eau
 
tu peux te prosterner au lointain
d’un zéro de craie
ou d’un moule
dans lequel on coule
toutes les âmes
 
je connais un jeu paisible
avec des enfants endormis
près de bouches de canon
je connais un jeu ancien
où l’on échange seulement les mainsquelqu’un m’offre une pierre
exigeant en échange mon bras droit
*

traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain :
http://wp.me/p1wz5y-pM

Poster un commentaire

Classé dans George Almosnino

Axios! Dignus est! – Horia Zilieru

Délie-moi valachie qui me fus vouée
Par cette tour Babel archaïque tyran
Chamane extraterrestre / pour moi crâne.
Corbeaux hérétiques secouent leur livrée

Et sur les clochers dans une étrange danse
Griffe de ma serre en hittite des versets.
Perdis-je la bonne samaritaine/ l’enrouée
Tel mont qui porte uranium en sa panse

Les tremblements de terre l’inspirée lave :
Moldave boréale / agrandissement.
Et dans la flamme de l’angle une pierre esclave

En contournant de loin la loi espère
Par des tournures d’ascèse éphémère
Des corps un méta / recommencement.
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-pJ

Poster un commentaire

Classé dans Horia Zilieru

Mon cœur – Ion Horea

Depuis un temps mon cœur vraiment je l’ai senti
Que chaque automne comme une pomme il mûrit.
 
Dans les moments hâtifs des longues journées d’été
Je sens comme en silence tel une poire il s’achevait –
 
Mon cœur ensemble avec les arbres du verger
En automne s’assombrit et comme une prune il est sucré,
 
En cimes frémissantes à travers le feuillage amer
L’entoure d’en haut comme un coing la lumière.
 
Mon cœur se casse avec fracas comme une noix,
Si l’automne perdure et l’ombre traîne trop bas,
 
Et attend tel une grappe de raisin, tel un soupir,
Que tu te penches tout près de lui pour le cueillir.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain :
http://wp.me/p1wz5y-pB

Poster un commentaire

Classé dans Ion Horea

Cantique pour Eminescu – Arcadie Suceveanu

Au coeur de l’hiver,
En mi-janvier */ ,
L’air est blanchi de cantiques.
Au firmament,
En diamant
Luit une étoile bénéfique.
De son saint feu
Comme un aveu
Touche les yeux balladesques, ou
Le front de prince
Le sourire mince
De Mihai Eminescu.
Rayon d’amour
Partout autour
Brille aux éclats sur ce monde,
Âme et verbe,
Langue de proverbe
Ont leur seigneur qui les fonde.
Le signe hivernal
D’homme et d’étoile
Appèle par le temps et rassemble :
Forêts aux sapins,
Soirs aux matins.
Les gens à leurs chants se ressemblent.

Ô, leruï-ler,
Sous le ciel clair
L’air est blanchi de cantiques.
Maintenant comme hier
En mi-janvier
Luit une étoile bénéfique.

*/ 15 janvier 1850 – date de naissance de Mihai Eminescu.

Considéré comme le plus grand poète roumain, il fut aussi un philosophe et écrivain.
*
traduit du roumain par Tudor Mirică

*
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-py

1 commentaire

Classé dans Arcadie Suceveanu