Archives mensuelles : novembre 2014

laisse moi sévir sur ce rocher ancien – Doria Sisu Ploiesteanu

un chef d’orchestre narquois vient chaque jour
il hurle dans ma gueule l’air que tu méconnais
et tu agites tes pieds comme un enfant gâté
demandes une sucette
puis te retires dans un coin
pour qu’on ne puisse pas déceler ton jeu
tu ris plus qu’il ne faut au dépens de tous
oh, si je comprendrais ce miracle de bêtise
qui enlève ma force
c’est bizarre que ce soit moi qui éteigne
qu’un autre acteur le fasse à ma place
j’ai perdu les métaphores par les trous de mes poches
je t’ai dis qui j’étais et tu en veux encore de moi
de cette vie qui s’ensuivra j’en sais quelque chose mais
l’escarpin noir en laque est volé problème
laisse moi sévir sur ce rocher ancien
me mettre la boule à zéro
hurler à perdre raison au néant, mais pour moi
ensuite m’allonger sur la terre
et pleurer, pleurer, pleurer
de bonheur et pour la raison connue
de t’avoir tant
mais surtout pleurer pour cet amour mien
insensé

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Traduit du roumain par Cindrel Lupe

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Lisez l’original en roumain :

 http://wp.me/p1wz5y-wm

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Moment cynégétique – Vladimir Streinu

 
J’ai décroché du mur une vieille carabine pour
Être gardien d’automne dans les forêts derniers;
J’empaillerai une peau au mur ou au grenier
Pour me venger d’un seule bête avec amour
Entier-jaunissement qu’on pourra percevoir,
Porté en toisons de bêtes rousses bizarres.
A peine je pointai les fers par les feuillées
Qu’une éclatante et rousse ruée – dans les bruyères;
Par vaux et par vallons, mais d’où, on ne sait guère
Harde de renards en feu, des droites ou biaisées,
Véloce – comme le tabac, devrai-je dire je guette
Une race plus menue de martre ou belette
S’ensuivant en vagues des coulées de glaise.
Contraint dans la cohue des êtres en amadou,
Je vis comment le soir cacher leur trace voulut;
Et là, en me sortant d’une saison trop souffreteuse,
Gardant près de la main un sac bourré de plombs,
Les yeux hagards d’automne dans cet obscur profond,
Et du fusil j’ai lâche dans les hauteurs, ardentes
Un Orion et sept-huit Pondeuses et leurs infantes.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
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Lisez l’original en roumain :
http://wp.me/p1wz5y-wi

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