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Spectacle – Emil Botta

 
L’élite prit place dans les stalles
et la foule en plein haut de la salle.
La loge logea un hasard en embarras
et un sort tragique en grand apparat.
Un fort désastre en avait assez
espérant encore que tout va passer.
Un naufrage somnole dans le fauteuil
emmailloté en linceul.
Un rhume
rôdait en costume.
Une innocence
brillait par une totale absence.
La pièce était un règlement de compte
entre la vertu et la honte.
La scène était un sanctuaire
où la vérité était tout à fait arbitraire.
Les acteurs baragouinaient leur sermon,
mais, lentement, les engloutissait le limon ;
à des moments, muets applaudissements,
aux médaillons, muets acclamations.
Et quand le rideau tomba
tous se mirent en combat
pour trouver l’auteur
qui a commis l’horreur,
en cinq actes, niaise
comme une crime à l’aise.
Alors apparut à la rampe Ariel
et gerbes de flammes et anémones
pour les trop honorables „dramatis personae”.
Et cette fiction, en encre de Chine, en fusain,
et le spectacle amusant
ont disparu au néant.
Du volume Le Ténébreux Avril” – 1937.
*
traduit du roumain par Tudor Mirică.
*
Lisez l’original en roumain=http//wp.me/p1wz5y-w9

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Poésies – Emil Botta

 
Du volume « Sombre Avril », 1937
Une passion inassouvie
 
D’une passion avide je suis vaincu
sans savoir la soif qui me brûle.
Comme si encore, des abîmes,
un œil ravissant de Chimère
voudrait ma perdition.
A jamais sans répit,
ni l’étoile magique transhumant dans l’espace,
ni les ères dorées, ni les années-lumière,
des sources sous la lune, ou la biche désirée,
rien ne m’éteint, rien ne m’apaise
comme si je rêvais d’une planète oubliée.
Il y a autant de non-paix dans mon âme,
hantée du désir et par des ombres envahie …
Une passion inassouvie m’a puni,
Et j’ignore la soif qui me brûle comme une flamme.

*

Une dernière question
 
Toi, qui ne me parles qu’en sourdine,
ici, près de mon cœur tellement,
nuit hypocrite, dis-moi,
n’as pas tu vu une étoile glissant ?
 
Mais si, il tomba du collier de Diane
une étoile comme la larme de cristal y est,
mais un homme se courba et l’a ramassée,
l’homme muet, à l’œil luisant, d’usurier.
 
Hélas, l’étoile était le bonheur inconnu,
par Dieu à quelqu’un promis …
Mais, nuit sereine, gardienne des secrets,
pourquoi tremblait cet homme, quand il l’a pris ?

*

Fantasmagorie
 
Etoiles cachées dans le télescope
dans le ciel il faut retourner.
Vingt années l’astronome myope
vous cherchera comme ses agnelles un berger.
 
Regards, à la souche retournez
comme la pluie, comme les fontaines.
L’aveugle qui vous perdit, exige de lui redonner
le soleil et la lune.
 
Escargots, regagnez vos domaines,
cendre, reviens en foyers et feux follets,
arbres, retournez en bourgeons, en graines,
et vous, les hommes, en galets.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
*
lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-hR

 
 

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