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Pieter de Roovere conduisant la pêche du saumon aux alentours de Dordrecht – Vasile Nicolescu

Une description personnelle du tableau
du peintre hollandais Aelbert Cuyp

*

 

Ils s’agitent les menus pêcheurs et tirent les filets
comme s’ils amenaient sur les berges la mer
ou dieu sait quel astre liquide ; la voile d’un bateau
s’écoule apathique dans l’eau ; couvrant le trait d’horizon
comme une mince peau de citron, le soleil découpe avec des lents mouvements
la silhouette du pêcheur à cheval, une plume rose au chapeau
regardant on ne sait où,
regardant insatiable,
regardant pensif – qu’est-ce qu’il en est de cette
vie qui se répète pareil à chaque coucher du soleil –
regardant curieux vers un point fixe
regardant tel que le chien vautré
près des deux saumons qui sont morts l’un sur l’autre
formant une croix, saumons les yeux cerclés de froid
et regardant vers le même point fixe …
*
du cycle « Salon hollandais » (1979)
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe.

 

Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-dh

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Dis toujours – Vasile Nicolescu

Dis encore un mot, ou deux, au feu avant la mort,
prends l’urne de la rose rêvée et remplis-là de rosée
et promène-là ensuite autour de la tombe que tu creuses
dans les arbres, dans l’eau, dans la pierre, les étoiles.
 
Dis encore un mot, ou deux, à la colonne du ciel où s’appuient
comme dans les combles d’une maison paysanne les flèches des tes ancêtres,
et la tête de loup */ qui dans sa gueule
fait vrombir le vent et la nuit,
avec des sanglots confus de rires ou de plaintes.
 
Dis encore un mot, ou deux, au foyer vif, à la pure cendre
qui abrite le rêve des ossements de dieux ou d’oiseaux
d’engendrer les sombres mers sans sommeil,
la plaine aux cigales et les vastes espaces dans les yeux de Cronos.
 
Dis encore un mot, ou deux, à ces sons étranges,
qui frappent comme le grésil les tympans du songe, à ces sonorités
germinant dans le parler du désert et dans la cuiller
de l’enfant qui s’endort la tête sur la table pleine d’étrennes.
 
Dis encore un mot, ou deux, au feu avant la mort,
les choses s’épuisent jusqu’à devenir elles-mêmes.
*
 
*/ la tête de loup était l’ornement de mât de l’étendard guerrier
des Daces, ancêtres des Roumains.  (N.du T.)
Dracon - emblème guerrière des Daces
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
traduit du roumain par Cindrel Lupe.
Lisez l’original en roumain :

http://wp.me/p1wz5y-cB

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