Fameux errant, poète qui vides les coches,
Qui as fourré le sacerdoce aux gaines,
D’une main tu fouilles des braves gens les poches,
D’une autre, à la Vierge, le culte tu tiennes.
Comme un vieux loup, autour des bergeries,
Tu tournes près des boutiques aux jambons,
En les humant très appliqué, et puis
T’enfonces en elles tes forts doigts gloutons.
Mec des faubourgs qui sa proie traîne en rade,
Fêtard usé aux rêve étincelant,
T’aiguises comme un vaurien, aciers, ballades,
Dans nos poitrines, après, les enfonçant.
Disciple cher des bagnes, bonne nature,
Aminche des anges perdus, récalcitrants,
Tu traînes dans les recoins de la luxure,
Pleurer les filles et les neiges d’antan.
Au cou des aubes, tu t’en vas danser,
Au son des chœurs, des musiques bordéliques…
Ton âme est une foire déchaînée
Au cœur d’une immense basilique.
Tu m’apparais, maître en chapardages,
Pilier d’auberge, rebelle des lois très tôt,
Traîné dans les geôles en fleur de l’âge
Grinçant sous le fouet du grand prévôt.
Dépensier comme personne n’ose,
Immense vaurien bâti en or comptant,
Tu aimes ta vie, quand elle est malheureuse
Et meurs, mon cher pouilleux, en espérant.
Pendant qu’ils haussent sur le gibet ta poire
En fourches te montent, comme un mécréant,
Toi, le malin, volant un tas de gloire,
Sur l’escabeau des rimes tu montes le temps.
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traduit du roumain par Cindrel Lupe.
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Lisez l’original en roumain =
https://versionroumaine.wordpress.com/2017/05/06/villon-vasile-voiculescu