LE SOLEIL à travers le rideau
non tu n’as pas beaucoup changé jeune beauté
tu sursautes au son des pas de personne au parquet
tes menues histoires déjà dans les rides sont cachées
blanche et triste et esseulée
non tu n’as pas beaucoup changé jeune beauté
tu encadres le ciel en rideau tu en couvres la baie
le soleil se promène par l’âge de ta saison
de quoi te réveilles-tu la nuit regardant vers nulle part
jeune beauté
blanche et triste et esseulée
cette chanson manque bien de maturité
ce n’est qu’un rideau du jour vers le lendemain
une chanson qui se dit timidement
lorsque seule a table tu lèves les yeux
et tu le vois lui le lointain
grand et secret trop vaste pour un bouquin
là le soleil pénètre le rideau soudain
et sa chanson au-delà de la plaine russe
et des montagnes de chez nous
pour toi seulement
jeune beauté
blanche et triste et esseulée
LA LUNE sur les toits blancs de la ville
toujours plus et plus profond le noir se met à couvrir la lumière
je vois les gens qui s’éloignent des gens
je vois les nuages filant seuls dans le ciel
partent et plus jamais ne retournent chez nous
dans leur traine s’ouvrent les fenêtres du monde
petites années au-delà des grandes années
journées inutiles au-delà des nuits qui attendent qu’on les oublie
journées calmes de l’hiver la neige brillant au soleil
la chaude buée sortant des égouts le sourire gêné
puis au-delà de tout l’image d’un homme qui ne cesse de t’ériger des igloos
dans un pays lointain où l’on ne sait si tu pourras encore te rendre
quelque part sur les toits blancs de la ville
la lune
comme un couteau planté au milieu de la table
pour le moment d’après
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
*
Lisez l’original en roumain =