Archives de Catégorie: Daniel Turcea

ARS – Daniel Turcea

CONNAISSANCE
 
vieux
rouleau
enroulé
 
aux signes comme les nuages écrit
est-il déjà !
et ne l’ouvre pas !
 
SI TRANSPARENTE
 
la Lumière d’un soleil magnétique
pareille à l’âme
est-ce que jamais ne vous est-il apparu
le monde si transparent ?
 
LE TEMPS OÙ NOUS PRÉPARONS LE THÉ
 
vaisseaux mènent
là où
aux arômes moelleuses disparaissent comme la rosée
les mondes
purement transparence. Le Feu
du Dehors créant une tourmente de murmures et de sphères
 
quand les fleurs de thé d’un vert-foncé l’on submerge
rien qu’un instant
que le départ d’une flèche
laissant chanter la corde
qu’un frère
arrêté de sa prière embrassa
depuis montagne la ville d’un regard
le temps qu’il faut à une larme
pour recueillir son sel
ou à la pétale
pour se détacher
et rien de plus
 
se clarifie
se couvre, se garde
dans les tasses de porcelaine, un temps
 
jusqu’à ce que, agenouillé, chacun oublie
le soi et comment le lac du poème
prend fin dans le ciel, les pensées commencent
blanches comme les nénuphars, comme eux
détachées
ni la vie et ni la mort; joie
sans limites, quelle merveille, tu dis
faire un geste
comme il s’ouvrirait
dans l’esprit
pétale après pétale, la fleur
de notre tristesse, en lumière, des anges
main lente, le col d’un cygne
tu offres le thé, si ardent le soir, un instant,
et puis à nouveau
pénétrant dans l’ombre
couleur de la lune
parmi les versets lentement
comme le cygne touchés
le chemin caché, comme en caressant
un visage d’ange caché
par la nuit
luth
 
LA COULPE
          I
 
aux âmes ténèbres amène
et l’aveu les sépare
et creuse un enfer
et en envenimant, le regard
change du monde la face
et étrangère
hostile devient la nature entière
 
tu vois
l’âme se réjouit de ne pas être
plus en dehors, qu’on ne voie pas
la place du renard
c’est alors que commence
entre l’homme et le soi-même le ciel entier
le retable de la nuit
le lointain, se marquant la figure
je nommai alors une fleur carnivore
la poésie
– une porte
éblouissante s’ouvrira –
 
le poème dépeindrait
la chenille
comment se cache-t-elle dans la duvetée heure
commente tisse-t-elle autour
geôle, chemise
aux larves des papillons
l’âme aurait voulu d’être une immense ombre
qu’apporte la vie partout où elle touche
car aveugle, je me réjouissais des choses
 
cassettes en cassettes
épidémies, mots
plage à sable clôturée
d’une épidémie le coeur eau
 
et toujours le lointain s’accroître
cerne sur la face du profond
 
II
 
toujours ne lui voyez pas sa figure hideuse
comment rit-elle
à chaque geste
acheté contre une part de l’âme
donne-le moi dit-elle, c’est peu, c’est rien
son âme c’est de l’air
araignée          
c’est un jeu se déroulant la nuit
comme les diamants sous la flamme de la lune
regarde le sable en échange
le lotus
comme un murmure
la bien aimée, là-bas au loin
et dans la pièce se trouvant
quand seul le rai d’une étoile transie, vous sépare
le noir, en racontant
 
y sont les yeux fanés
vêtements en fer
le temps, comme un balafre
et l’humain reste en arrière comme la peau d’un serpent
 
III

et l’Asie
et les montagnes flottantes
au silence du jardin
 
le samouraï, devant la mort
en se croyant un lotus
ô, l’instant
quand
il comprend
en même temps que le sang !
mais le masque qui transperce la chair
qui l’arrachera
dans la mer de froid ?
(ils regardaient
des versets
comme des paons ouverts dans le cri)
comme si la mort serait
un somme, un songe
nuage flottant sur les abîmes
un rêve voyageant
voyageant dans un rêve
 
quelle chose aisée
quel brin de chose
la sagesse, me disais, était au Museïon
dans un écrit caché, brulé
des géométries
les numéros
les étoiles, les araignées
le magicien, qui nous cacherait la montagne
aurait encore ce savoir de la métamorphose
la gloire des rois
dans des signes
de Ur, de Ninive
des solitaires
de la Ville du Soleil
en priant
les scarabées
 
c’est vrai
le désert s’accroît sur les villes
mais cherchez, déterrez les ruines
les chacals connaïssent probablement la réponse
ils furent naguerre des dieux, l’or
leur miroita la figure
le vénin des poèmes
et des lourdes draperies en pelouche. Le peu de lumière,
les effrois d’autour de la table, l’amphytrion
omniscient et pourtant
mon ami, mon frère, tu ne comprends toujours pas?
serait-il si mince, le tout ?
rien que des questions jetées comme les étoiles
devant la nuit ?
et l’orgueil de celui qui se perd ?
 
MUR

de celui qui a
de toi
de la parole
de la lumière
du regard
benoît or
de ta nourriture
plutôt manquante
ne tourne pas ton visage
en donnant à la lumière tu te ressembles
bâtir, à nouveau, par l’esprit de ta bouche
aux gens, des âmes
comme d’autres cieux
 
le minuit quand il veut
s’éparpiller
commencer
car plus affreux qu’un
cosmos noir
sera ton âme, couvert par la coulpe
et à l’endroit où nait la larme
étranger, là-bas, mystérieux, sa
douleur
te suivra comme l’ombre
sans savoir qu’un mur te sépare
de toi-même
le voué
et le monde n’est que cette occasion,
la seule de ne pas mourir
*
Traduit du roumain par Tudor Miricã
*
Lisez l’original en roumain :

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Le douanier en train de peindre ou Le Voyage – Daniel Turcea

I

la Ville, comme dans un atrium brûlant
un rameau de santal
le vrai, visage abandonnant
toute image, laissant
un sein de cendres
le lin
ses couleurs le montrent comme un nu
corps de femme quand un tigre descend
immense, sous les étoiles, sa face vers ses
yeux, qui maintenant
rêvent comment un tigre qui descend sa
face vers ses yeux comme un reflet en fontaine
qui monte vers se lèvres
et voici
la Ville, comme dans un atrium, embrasé
un rameau de santal
mais tendres, les fils de la paix en route
tellement humbles, indomptables

II  Le  Peintre
regarde, les feuilles ont de la lumière en leur mie (lui
à gauche de la resserre
peintre au péage du froid
voyageant dedans la lettre „o”
vide et plein, l’affirmation-de l’affirmation
coincidentia oppositorum, feuille de saule, robinier fleuri
serpent en forme de laurier
dompteur d’églantines, il fut entendu
prêcher à une grenadine
du cygne qui sera fusillé
entre les nénuphars tout près et, comment
seront
le fusil d’argent, aux sceaux, envoyée aux cendres
la main, la coupable
et les cieux ne seront plus
comme à présent)

III
caresse de clavecin, la rosée sur les armes
il est dimanche dans le Jahvéisation
dans la montagne

IV Le Tigre lacérant une gazelle
(oh, les peuples près de la mer
rivage pollarisée !) sous minces les feuilles de la
saule
un martinet assis
partout, l’âme
plus beau, le sang
implorant, sous le ciel
sous les paupières de la gazelle, des tigres captifs
non, il n’y a pas d’humilité dans la fuite de l’antilope
une cape lui laisse
entre les griffes comme un éclair
l’air et les langues vertes
voilà, auprès de la fibre empourprée, presque guerrier, dans l’ombre, aux aulas
comme si le bois se rappellât une coupole
de la Ville plus vieille que la montagne où
– en sécheresse
qu’inonde – avec de l’émeraude fut écrit, le matin
le visage de la destruction

V  Chez Rousseau
et, seul, tu montes au delà, t’asseois
parmi les êtres indescriptibles, qui viennent
chaque soir, et tu ne les vois pas
l’amandier embrasé
revasse aux vergers et comment
quelqu’un
drappé en flamme vient
et lui cuieillit l’âme
et le lui emporte

VI  Pensifs
nommez-les pensifs sans pareil
moi je les appellerai :
saule, saule
ou
seulement rivage
archipels aux après-midis
lagunes aux temples, vénins
langoustes
ciselées par une pensée

Golfe de temps immobile, gaspillage
si des écailles tomberont des yeux, les journées d’en mémoire

VII

„maintenant”
murmura
„là-bas les nuits sont indigo” et alors
des branches fleuries, comme si flottantes, est venu
l’Homme de la Douleur de Saint-Domingue
à la main avec une canne au sucre

peignant, il mourut
c’était
une infinie surprise en tout ce qu’il voyait

* * *
inexistent en lumière
de la timidité de ne pas aveugler
ainsi s’est-il montré en lumière

*

traduit du roumain par Tudor Miricã

*

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La ballade de la splendeur – Daniel TURCEA

(1945-1979) - architecte et poète
Impossible à classifier
ni en tant que personne ni en tant que poète.
Sa poésie sépare les mots de leur sens courant,
usé par le quotidien
et leur rend le relief et les valeurs primordiales.
Sa brève existence subit la même métamorphose.

*

la ballade de la splendeur

éveille l’envol
que Tu as mis
dans l’oeuf

oeuf réfléchi
de l’âme
le nuage

et voilà
le ciel étroit
et comment
me renferme-t-il

à peine j’entends
comment
Oiseau
tu m’appelles

au dessus des eaux
là bas
ouvre-moi !

tu me dis
ce que je ne vois pas

ce qui est au delà
des pensées

en splendeur

et tu consens
et la beauté commence
et la douleur

*

traduit du roumain par Tudor Miricã

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