Ion Barbu - (1895 – 1961) Poète et mathématicien, mathématicien et poète, les deux au plus haut niveau, Ion Barbu (Dan Barbilian) combine souvent ces disciplines de l’esprit. Chacune pour l’autre, une délivrance !
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L’oeuf dogmatiqueLa Dogme : Et le Saint-Esprit se portait au dessus des eaux.
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Le sort de ce triste peuple est L’oeuf stérile comme pitance, Mais l’oeuf vivant, la vie au faîte, Contre soleil révèle sa substance ! Comme à des vieux cristaux, où neuf Il nage, sous le mince chaux, L’innocent, le nouvel oeuf, Palais de noces et caveau. En trois satins est le repaire Où dort immaculée la glaire Si mélancolique, si en trêve, Comme le corps chéri, plongé en rêve. Mais le vivant ? De très en sus De pôle plus Là où la fange Des terres n’arrive plus Accorde câlin Et masculin Au glaire en hyalin Son baiser plein. * Homme oublieux, irréversible, Vois-tu le Saint-Esprit déja sensible ? Par tous les temps – toujours bavards, Les menues mondes la dogme gardent. Voir, aux voûtes, le Saint-Esprit Veillant eaux vives sans répit, Cet oeuf-symbole te l’ai remis, Homme terne, ahuri. Pas de l’oeuf rouge. Homme inassouvi et homme fugace, Un oeuf vivant T’offre pour les Pâques, comme présent Relève-le contre soleil et sache ! * Et notamment sois troublé Par ce petit et jaune liard, Horologe sans aiguilles, car Lui seul décide de la mort De l’oeuf et monde. Te frissonne La montre jaune, nécessaire… La ligne de sort c’est là, qui tue. En jaune de l’oeuf, Ronger la nourrissante glaire, Durée inscrite en nous, une roue. La dogme entière.*
Encore une fois : Cet Oeuf, à celui stérile le pair, Ne le sirote pas. Ses noces les occises. Et ni à la couveuse ne le dois ! Laisse-lui la paix de ses prémisses. Car de sa coulpe est tout parcours imbu Sacré est seule la noce, le début. * traduit du roumain par Tudor Miricã. lisez l’original en roumain :